Djibril, bonjour. Quel est ton sentiment sur cette saison 2015-2016 ?
Je dirais qu’elle est assez particulière, pleine d’enseignements. Hervé Renard était là pour créer une alchimie entre les nombreux jeunes arrivés et les anciens, malheureusement les résultats n’ont pas tourné en notre faveur. On s’est donc accroché, puis le coach Frédéric Antonetti est arrivé. Désormais, il s’agit toujours pour l’équipe de vite basculer dans l’autre partie du tableau. Sauf qu’avec l’enchaînement des matchs en janvier, on a puisé en énergie et on se retrouve à cette 13e place au classement aujourd’hui. Et même si le contenu s’améliore, ça n’est pas encore évident au niveau comptable.

Pourtant, comme tu le dis, au regard du contenu, vous méritiez quelques points en plus, non ?
Sur les matchs de Marseille (1-1), Troyes (1-3) et Rennes (1-1), on s’est créé plus d’occasions que nos adversaires, mais on a pêché dans la finition. C’est ce côté-là qui nous manque, cette détermination, cette rage de vouloir empiler les buts et de faire mal à l’adversaire. Mais le staff est là pour nous améliorer, nous inculquer la culture de la gagne. Personne ne triche, tout le monde travaille comme il se doit. Alors on continue, en espérant que les mois de février-mars seront plus bénéfiques comptablement.

Voici l’OL qui se dresse devant vous. Comment abordes-tu ce match ?
Lyon est une équipe qui vise l’Europe. Cela fait des années qu’elle performe en Ligue 1. Au match aller (0-0), il y avait eu beaucoup d’intensité. On s’est procuré quelques situations, eux encore plus. Mais on a su rester solidaires dans les moments difficiles. Cette fois, nous sommes à la maison, c’est une belle affiche et on va essayer de faire un match plein, en mettant du rythme. Ça n’est pas une équipe qui nous effraie, car on a nos qualités, nos arguments à faire valoir.

"Un latéral moderne doit être capable de bien défendre, de contre-attaquer et si possible, de savoir évoluer sur les deux ailes"

Parlons de toi. Comment analyses-tu ta constante progression ?
Déjà, c’est flatteur de me le dire (large sourire). Pour moi, l’objectif de départ était d’enchaîner les matchs. Je savais qu’en arrivant à Lille, j’allais être obligé de franchir des étapes. J’ai donc vécu plusieurs situations : de remplaçant à titulaire, en passant parfois par la réserve. Et j’ai eu la chance d’évoluer aux côtés de Rio (Mavuba) et de Flo (Balmont) qui sont des joueurs exemplaires. Même si on n’occupe pas le même poste, je les observe au quotidien et j’apprends beaucoup. Puis au fur et à mesure, tu te confrontes à différents adversaires, tu évolues à l’entraînement, humainement, sportivement et comme c’est très enrichissant, tu progresses naturellement.

Si on rentre plus dans les détails, te voilà devenu un pur latéral gauche !
(il se marre) Pourtant je garde une préférence pour le côté droit (clin d’œil amusé) Plus sérieusement, à la base, j’ai été latéralisé à droite. Maintenant, j’ai connu des périodes où je n’avais pas forcément le choix et où j’avais besoin de temps de jeu. Du coup, quand on a fait appel à moi, j’ai répondu présent et aujourd’hui, je relativise sur ma position, d’une part par le fait que certains ne jouent pas, et d’autre part car au fond, ça ne me pose pas de soucis. Mon pied gauche, je le travaille et je continue de le faire progresser. Un latéral moderne doit être capable de bien défendre, de contre-attaquer et si possible, de savoir évoluer sur les deux ailes.

Selon toi, jusqu’où vont s’envoler tes stats’ ? (3 buts, 2 passes décisives)
C’est vrai qu’à l’entraînement, je travaille davantage devant le but. Je discute aussi énormément avec Vincent (Enyeama). Il me donne son ressenti en tant que gardien et m’explique les petits détails qui peuvent faire la différence : par exemple, quand tu rentres dans l’axe du but, en général, le gardien est formaté pour protéger le centre et le premier poteau, tout en délaissant un peu le deuxième... J’apprécie de savoir garder cette sérénité, même quand je me présente devant le but. Parce qu’au fond, je suis quelqu’un qui aime aller de l’avant, qui essaie toujours d’être à fond lorsque je fais un appel.

Pour finir, peut-on penser que tout ça te propulsera un jour chez les Bleus ?
Pour atteindre l’Équipe de France, il faut déjà que ton temps de jeu soit optimal. Puis l’expérience, la maturité, l’attitude du joueur, la médiatisation entrent en ligne de compte. Je ne suis pas focalisé sur l’Euro 2016, mais c’est un événement attendu par tous les joueurs. Bien évidemment que si le sélectionneur fait appel à moi, j’irais avec joie ! On n’en est pas là. Je me concentre sur mon club, mes performances, ma régularité, mes statistiques. Bien sûr, à terme, les latéraux chez les Bleus comme Evra, Debuchy, Sagna, Jallet atteindront un âge qui permettra peut-être de libérer une place. D’ailleurs, des joueurs comme Digne, Kurzawa sont déjà positionnés pour renouveler la génération. Alors pourquoi pas moi ? (il sourit)