Rio Mavuba : "Enormément d’émotions, forcément"
PAR MAXIME POUSSET
Quand on passe dix ans sous le même maillot, on remplit forcément la boîte à souvenir. Et lorsqu’il s’agit de l’ouvrir à l’heure de dire au revoir, il en ressort à coup sûr des moments marquants, uniques. Au moment de quitter (pour quelques temps seulement) le LOSC, Rio Mavuba a souhaité exprimer ses premières sensations à LOSC.fr, aux supporters du LOSC, et revenir avec nous sur cette décennie lilloise. Avec émotion, naturellement.
Bonjour Rio. Tu quittes aujourd’hui le LOSC pour un nouveau projet sportif. Là, comme ça à chaud, quel sentiment prédomine ?
Il y a beaucoup d’émotion. (silence) Beaucoup d’émotion. Je quitte aujourd’hui un club qui m’a énormément apporté et pour qui j’ai toujours tout donné. Je ne compte pas le temps passé sous ce maillot, ni les sueurs, entre le Stadium, le Stade Pierre Mauroy, le Domaine de Luchin. Tout ça, je l’ai donné pour notre club que nous aimons tous. (il réfléchit) Donc forcément, ça fait quelque chose quand même, oui.
Tu as passé 10 ans ici. Spontanément, quelle image te revient en tête ?
Bizarrement, ce ne sont pas forcément les trophées que nous avons pu soulever, mais plutôt ces moments de communion avec le public. Je repense par exemple à notre parade dans Lille, au Champ de Mars ou sur la place de l’hôtel de ville. Oui, je me souviens surtout de ça, des visages heureux.
Remontons le fil de tes années lilloises. Il y a d’abord ton arrivée, en janvier 2008. Tu as 23 ans…
À cette époque-là, honnêtement, je ne pensais pas rester plus de six mois. Claude Puel m’avait appelé pour aider à "sauver" le club qui était en bas de classement. De mon côté, je voulais surtout me relancer car j’avais peu joué à Villarreal. Finalement, nous avons été très bons et sommes remontés à la 7eme place, ratant de peu l’Europe. Et tout de suite, j’ai senti qu’une belle équipe était en train de naître. Derrière, Rudi Garcia arrive et m’indique qu’il compte sur moi. Les dirigeants trouvent un accord avec Villarreal pour un transfert qui était important pour le LOSC, à l’époque. Et là, c’est parti, l’aventure débute vraiment…
Elle (re)débute pour toi avec le statut de capitaine, moins de six mois après ton arrivée. As-tu été surpris de cette marque de confiance ?
Oui, un peu. Le coach avait annoncé qu’il allait faire tourner le brassard à plusieurs joueurs pendant les matchs de préparation. J’ai fait partie de ceux-là. Et un soir au repas, Rudi Garcia annonce que je serai le capitaine pour la saison. J’étais le premier surpris. Ma première réaction a été d’aller voir Grégory Tafforeau qui m’a immédiatement dit qu’il n’y avait pas de soucis.
Comme tu l’as dit, on sent alors la montée en puissance d’une grande équipe, avec cette apothéose en 2011. Un moment forcément marquant….
On pouvait clairement dire que nous étions une bande de potes, des joueurs du même âge, plus ou moins, qui explosions en même temps. Tout était réuni au sein du club pour que le travail paye. Et là, on remporte le doublé, 56 ans après le dernier titre du LOSC. C’était magique ! Une fois de plus, on en revient à cette fierté d’avoir rendu tous ces gens heureux, de leur avoir offert une émotion, un plaisir. Franchement, je n’avais encore jamais connu ça avant.
L’histoire retiendra aussi que tu fus le capitaine qui mena le LOSC au Stade Pierre Mauroy. Symboliquement, c’est aussi très fort, n’est-ce pas ?
(il réfléchit) Oui c’est vrai, je n’y avais pas pensé. Cela fait partie des nombreux beaux chapitres que j’ai eu la chance de vivre avec le LOSC. Parce que ce stade, ce « grand » stade, ça fait un moment qu’on l’attendait dans la région. Il me paraissait loin, je ne savais pas si je serais encore là au moment de l’inaugurer. Finalement, je suis entré dedans avec le brassard. C’est une fierté.
À titre individuel, il y a également cette participation à la Coupe du Monde 2014 que l’on imagine assez particulière pour toi. Tu confirmes ?
Exactement. C’est clairement l’un des moments les plus forts de ma carrière et une fois de plus, c’est grâce au LOSC et à notre belle saison accomplie avec René Girard et cette équipe de guerriers que j’ai vécu cette expérience. Tout cela m’a d’ailleurs permis de rendre hommage à mon père (Ricky Mavuba) qui l’avait jouée 40 ans avant (avec le Zaïre).
Bon, on est d’accord, tu es Lillois ?
(il coupe) Bien sûr ! On sait tous que je suis originaire de Bordeaux et que cette ville compte beaucoup pour moi, mais la métropole lilloise restera celle dans laquelle j’ai connu de grandes émotions avec mon club. J’y ai aussi vécu la naissance de deux de mes enfants. C’est une région qui m’a aussi beaucoup supporté chaque année pour mon association. J’y suis très attaché. Ce n’est pas que je me sens Lillois. Je SUIS Lillois.
Et puis il faut le dire, l’histoire avec le LOSC n’est pas terminée…
Oui. Nous avons convenu ensemble, avec les dirigeants lillois, d’une reconversion et d’un rôle futur au sein du club. Je suis vraiment content que le LOSC m’offre cette opportunité de lui rendre tout ce qu’il m’a donné. Je quitte donc aujourd’hui le LOSC sur le terrain, mais pour mieux revenir après ma dernière expérience, car pour l’heure, je suis toujours footballeur.
Cette dernière expérience, parlons-en, justement. Te voici désormais joueur du Sparta Prague. Qu’est-ce qui t’a séduit dans ce nouveau défi ?
Ça devrait être mon dernier challenge au sein du club le plus populaire de République Tchèque. Cela fait trois ans que le Sparta n’a pas gagné de titre, on va donc essayer d’y remédier. Ce qui m’a botté à l’idée de signer ici, c’est d’abord de pouvoir poursuivre ma carrière, car j’aime le foot, je veux continuer de pratiquer mon métier. Il y a aussi la possibilité de regoûter à l’Europa League (le Sparta est qualifié pour le 3e tour préliminaire, il affrontera l'Etoile Rouge de Belgrade, les 27/07 et 03/08). Et puis il faut dire la vérité, c’est une capitale européenne, une ville magnifique. Je vais avoir la chance de m’y installer avec ma famille. Mes enfants vont pouvoir apprendre à bien parler Anglais. C’est un tout.
Pour conclure, qu’aimerais-tu dire aux supporters au moment de les quitter ?
Je voudrais tout simplement les remercier pour leur accueil, pour tout ce qu’ils m’ont donné, pour ces gestes toujours affectifs qu’ils ont eu envers moi dans les bons comme dans les mauvais moments. J’apprécie beaucoup les valeurs du Nord et j’aimerais dire à tous que ce n’est pas un « au revoir », mais un « à bientôt », car je reviendrai…
Mille mercis, Rio pour ces dix belles années à nos côtés. On te souhaite la plus belle des réussites dans ton nouvelle aventure et on se dit à très vite… #ABientotRio