Ignacio Prieto, un éternel amoureux du LOSC

Il y a quelques semaines, nous recevions une légende du LOSC au Domaine de Luchin. Lillois de 1971 à 1976, Ignacio Prieto a marqué son époque. À aujourd’hui 71 ans, il se souvient de ses années chez les Dogues.

Il est Chilien, a participé à la Coupe du Monde 1966 en Angleterre, a grandement participé à la remontée du LOSC en Division 1 en 1974 et est considéré comme l’un des plus grands Dogues de l’histoire. Vous l’aurez reconnu, il s’agit d’Ignacio Prieto. Celui qui a porté la tunique lilloise à 167 reprises est récemment venu découvrir le Domaine de Luchin ainsi que le Stade Pierre Mauroy, sans oublier de se confier à LOSC.fr.

Ignacio, bonjour. Vous venez de visiter le Domaine de Luchin. On imagine que le club de votre cœur a bien changé depuis votre départ en 1976…
Effectivement, mais c’est un grand plaisir de découvrir ce que le LOSC est devenu. Le Domaine de Luchin, par exemple, est tout simplement fantastique. Cela fait déjà plus de trente ans que je suis parti. La différence majeure entre mon époque et celle d'aujourd'hui se situe au niveau des installations. Lorsque j'évoluais ici, nous avions seulement le Stade Henri Jooris, puis Grimonprez-Jooris, pour les matchs et le Bois de Boulogne pour l'aspect physique. Tout a changé depuis. J'étais déjà heureux d'être un joueur du LOSC à ce moment-là et je suis aujourd'hui très fier d'être un ancien Dogue.

Racontez-vous : comment êtes-vous arrivé dans l’Hexagone au début des années 70 ?
Très honnêtement, mis à part Just Fontaine et Raymond Kopa, je ne connaissais pas grand-chose du foot français avant de poser le pied à Lille. Avant le LOSC, j’ai d’abord quitté le Chili pour l’Uruguay et le Nacional Montevideo. C’est alors qu’on m’a téléphoné pour me demander si je voulais jouer en France. J’ai répondu "dans quel club ?", on m’a proposé ce projet. Par chance, j’étais passé par Lille lors d’un voyage d’étude pendant ma jeunesse. La ville ne m’était pas totalement inconnue. Je suis arrivé en 1971 avec comme objectif le maintien. Malheureusement, cela ne s’est pas passé comme prévu mais nous avons su retrouver la D1 dès 1974.

Vous avez découvert une nouvelle culture, une nouvelle langue, un nouveau pays. Est-ce que ce fut difficile de vous adapter ?
Complètement ! En Français, mon vocabulaire se limitait à "bonjour", "bonsoir" et "bonne nuit" (rires). Certains équipiers se sont même gentiment moqués de moi. Finalement, j’ai appris la langue en grande partie grâce à eux dans les vestiaires. Une fois l’entraînement terminé, j’allais régulièrement au cinéma ou je regardais la télévision. Mes enfants ont d’ailleurs appris beaucoup plus vite que ma femme et moi (il esquisse un large sourire). Une fois cette barrière franchie, j’ai pu profiter pleinement de la vie ici. J’ai rencontré des gens merveilleux et très importants pour moi, comme Michel Hidalgo, par exemple. J’ai également reçu beaucoup de soutien et d’affection de la part des supporters.

Un an après votre arrivée, en 1972, trois joueurs sud-américains ont également signé au LOSC. Pouvez-vous nous raconter dans quelles conditions cela s’était produit ?
Le premier à m’avoir rejoint est Juan Mujica, qui a évolué avec moi au Nacional. Il était parti au Mexique et m’avait appelé pour me dire qu’il avait une place pour moi là-bas. Je lui ai répondu qu’il pouvait me rejoindre à Lille. Il ne lui a pas fallu longtemps pour accepter. Dix jours plus tard, il était avec nous ! Dans la foulée, il y a eu Tito Fouilloux, mon ami de toujours, avec qui j’ai participé au Mondial 1966. Sa double nationalité franco-chilienne a facilité son transfert. Enfin, Raoul Noguès, jeune argentin, a lui aussi signé au LOSC quelques temps après. C’était un très bon joueur qui a réalisé une belle carrière, passant notamment par Saint-Étienne ou Monaco. Nous avons tous les quatre porté les couleurs lilloises ensemble pendant quelques temps et je pense que nous n’avons que rarement déçu les supporters (large sourire).

Le titre de champion de D2 en 1974 est-il votre meilleur souvenir chez les Dogues ?
Deux moments me reviennent spontanément en mémoire, dont celui-ci, oui. Nous avions une équipe très compétitive, avec des éléments de qualité tels que Christian Coste, Alain de Martigny ou Raoul (Noguès) pour ne citer qu’eux. Ce que nous avions réalisé, à savoir 25 matchs de suite sans défaite, était tout simplement fantastique. Le match pour la montée à La Rochelle (0-3), le retour dans le Nord, ainsi que la communion avec les supporters resteront inoubliables pour moi. Avoir été élu meilleur latéral droit par le magazine France Football, une récompense que je devais en grande partie à mes équipiers, a également été un moment fort.

Continuez-vous à suivre les résultats du LOSC ?
Je regarde parfois les matchs à la télévision, même si la Liga, où les Chiliens sont nombreux, et la Premier League, depuis l’arrivée d’Alexis Sanchez, sont davantage diffusés chez nous. Malgré cela, j’ai pu suivre LOSC-Everton (0-0), par exemple. Tous les dimanches soir, une émission propose les meilleurs moments des rencontres de Ligue 1. J’essaie de la suivre autant que possible. Pour la petite histoire, j’ai fait le tour de ma maison en courant après le doublé de 2011. J’étais tellement heureux (rires) !

Cette saison, le LOSC a fêté ses 70 ans. Vous avez été désigné comme l’un des joueurs de légende du club. Que cela représente-t-il pour vous ?
C’est une très grande fierté. Je suis non seulement honoré de faire partie de cette sélection, mais aussi d’avoir pu donner le coup d’envoi de LOSC-Saint-Étienne (1-1, le 01/11/14). J’ai dû me préparer pendant quelques jours pour ne pas me blesser (rires). Mais quelle opportunité fantastique ! Celle-ci est d’autant plus symbolique que mon premier match en France a eu lieu face aux Verts. Je m’en rappelle très bien. Il pleuvait tellement que je pensais que la rencontre allait être reportée. Au Chili, ç’aurait été le cas. Finalement, on a réalisé une performance de haut niveau (victoire 2-0, le 21/11/71). Le début d’une histoire d’amour avec les supporters.


 

Difficile de quitter le ballon rond

« Je m’occupe actuellement du centre de formation de Magallanes, premier champion de l’histoire au Chili, qui évolue en Primera B (2e Division). J’admets avoir quelques difficultés à quitter le monde du football. Je ne suis pas du genre à rester à la maison, à ne rien faire. Je prends beaucoup de plaisir à travailler avec les jeunes et les formateurs. J’ai engrangé de l’expérience ici en France. Encore une fois, je lui dois beaucoup. »

Merci à Ignacio pour sa gentillesse et sa disponibilité. #WeAreLOSC
 

Ignacio Prieto

Né le 23/09/1943 à Santiago (Chili)
Défenseur central ou latéral droit
International chilien
Clubs : Universidad Catolica (1961-1968), Nacional Montevideo (1968-1971), LOSC (1971-1976), Laval (1976-1977), Universidad Catolica (1977-1980)
Palmarès : Champion de France de D2 (1974)